Vendredi 02 novembre : L’Arrivée en Uruguay
C’est avec la tempête que nous sommes arrivés à Piriapolis après un long voyage depuis Paris jusqu’à Buenos Aires, puis Montevideo pour atteindre ce petit port de pêcheurs qui était autrefois un lieu de villégiature. Mais les gens se sont aujourd’hui déplacés vers l’est, notamment vers Punta del Este qui voit chaque année sa population passer de 15000 habitants l’hiver à 700000 l’été. C’est à dire l’hiver pour nous puisque nous sommes dans l’hémisphère sud. Cette tempête, la plus grosse de l’année, semble marquer la fin du mauvais temps et le début des beaux jours. Les rues paraissaient entièrement recouvertes de neige, il s’agissait en réalité de mousse de mer qui tapissait le petit village. Le Rio del Plata, l’estuaire qui sépare l’Argentine de l’Uruguay, avait viré du marron qui l’habille habituellement au bleu mer. Heureusement, notre Fleur Australe se reposait encore, bien au sec.
tempête sud américaine, comité d'accueil
Fleur Australe a quelques minutes de sa mise à l'eau
Le capitaine, arrivé quelques jours auparavant en a profité pour la caréner, nettoyer les winch et bichonner son navire chéri avant le départ prévu pour demain. Il était accompagné pendant toute cette semaine par Gilles Hervé, un scientifique de l’IFREMER. Ils ont équipé Fleur Australe de caméras sous-marines situées sur les flanc du bateau pour recenser les macrodéchets, ce sont en réalité des petites particules de plastique qui se désagrègent au fil du temps et sont charriées par l’océan. Cela devrait permettre aux scientifiques de repérer les zones polluées à l’image du Gyre que nous avions croisé dans le Pacifique Nord au large de la Californie, lors de notre grande traversée vers les Marquises. Fleur Australe va tenter d’effectuer ces prélèvements. C’est un nouveau système de caméra que l’IFREMER essaie pour la première fois. Il a été testé en rade de Toulon accroché à un bateau pneumatique. Ces informations pourraient s’avérer très utiles car pour l’instant on sait qu’il y a des plastiques qui partent en mer et que l’on retrouve portés par le vent et le courant, le long des côtes, mais on ne sait pas grand chose de leur route ni de leur devenir. En revanche, les scientifiques ont pu s’apercevoir qu’il y en a de plus en plus ces dernières années. Nous n’arrivions pas à observer ces microdéchets à l’œil nu, nous espérons que ces caméras s’avèreront efficaces et utiles à l’étude des océans par l’IFREMER.
L’équipage :
Nous sommes six à bord de Fleur Australe : Philou, les deux petites, Laura et Marion et Ernesto et Stéphanie nos équipiers. Loup qui a tellement souffert du mal de mer pendant la dernière traversée a préféré nous retrouver à Ushuaia fin décembre. Il redoute les mers du sud et ses gros coups de vent. L’arrivée a bord après un si long voyage n’a pas été facile, entre l’excitation et la fatigue, les enfants sont en pleine forme et ne nous laissent pas une seconde de répit. Il s’agit de faire les inventaires, puis de refaire les stocks de nourriture. Je suis arrivée avec une valise de pharmacie pour remplacer les médicaments périmés. Nous sommes prêts à prendre la mer dès demain.
Nous avons eu la chance d’être accueillis avec beaucoup de chaleur par Sacha Tolstoï, l’arrière petit-fils du grand Léon. C’est un personnage haut en couleurs, auteur, aventurier qui nous a présenté à toute l’intelligencia locale. Nous avons profité de leurs conseils avisés pour nous balader dans le coin même si le temps nous est compté puisque le capitaine trépigne d’impatience à l’idée de larguer les amarres. La fleur mise à l’eau, nous avons donc filé vers Punta del Este, une longue plage bordée d’hôtels et d’infrastructures touristiques. Nous avons vite fait poursuivi notre route jusqu’à la Barra, petit village du bord de mer beaucoup plus sympathique, pour finir par Jose Ignacio. C’est la nouvelle destination glamour d’Uruguay, un petit village de pêcheurs battu par les vents. Au jour de l’an, la population du village est multipliée par cent. La jet-set bohème vient discrètement y faire la fête et trouver un équilibre entre luxe et authenticité. Les maisons sont superbes et la plage s’étend sur des kilomètres. La très belle route est une succession de dunes et de lagunes.
village de pécheur
Ce qui s’impose comme une évidence lorsque l’on découvre l’Uruguay, c’est cette sensation de grands espaces, ces forêts à perte de vue. Il fait bon s’enfoncer dans les terres au sein de cette nature exceptionnelle. Une petite légende raconte que pour protéger sa femme du vent, un gentilhomme décida d’y importer toutes sortes d’arbres, pins eucalyptus, tamaris… C’est sans doute pour cela que l’on retrouve une nature si éclectique, à l’image de l’architecture totalement débridée mais jamais dépourvue de charme. Les maisons au toit de chaume succèdent au cabanon en bois, ou aux constructions en béton. Il règne ici un sentiment perceptible de liberté et de bon vivre. L’Uruguay a certainement plus d’un secret que je ne découvrirais pas cette fois çi mais ce passage éclair m’a d’ores et déjà permis de me frotter à sa douceur de vivre, à son charme mystérieux emplit de simplicité et à ces habitants lumineux.